« Rêveries amoureuses »
« rêveries amoureuses » est la réunion d’univers différents et de générations différentes d’artistes liés par le même procédé dans leur art : des traits, des lignes et des formes répétées pour véhiculer des émotions.
« L’Homme Blanc » de Jérôme Mesnager, cette silhouette si simple, comme une évidence, est une prouesse.
Son auteur la définit lui-même comme un symbole de lumière, de force et de paix.
Mais elle ne représente pas la paix, comme la Colombe de Picasso avec son rameau d’olivier dans le bec, cette silhouette incarne la paix. Il se dégage d’elle une émotion inexplicable. On ressent quelque chose en soi qui n’a pas à être analysé, rationalisé. Cette émotion est ce qui fait de l’Art l’une des plus belles formes d’expression humaine.
L’Homme Blanc rentre en résonnance directe avec le « Personnage-cœur » de Le Bichon.
Cette forme est une nouvelle silhouette humaine posée sur les murs de Paris, trente ans après le premier Homme Blanc, qui symbolise aussi la paix et l’amour. Il s’en dégage la même joie, la même légèreté, la même insouciance. Le Bichon comme Mesnager aime représenter ses personnages en train de danser. Mais, alors qu’il émane des personnages de Mesnager la paix et l’amour universels, ceux de Le Bichon ont été créés comme un étendard pour revendiquer la paix et l’amour universels. Ils sont nés en réaction à la barbarie qu’a connue Paris récemment. Le personnage de Le Bichon dit « aimons-nous ». Il est porteur d’un message pour le présent et l’avenir, celui de Mesnager exprime cette même pensée de façon intemporelle.
Le street art a cette force de s’adresser non pas au monde, à tout le monde, mais à chacun d’entre nous, dans notre individualité, en posant sur le chemin des passants un dessin qu’ils vont admirer, aimer, ressentir, s’approprier, transmettre.
Il est marquant de voir combien Matttieu avec ses représentations d’autruches touchent les gens en leur apportant dans leur quotidien un instant où, en croisant son dessin, ils vont sourire, rire à son humour, ressentir de la joie et transmettre à leur tour tout cela en en parlant ou en postant la photo de l’œuvre vue. Elles sont à la fois proches des œuvres de Mesnager et de Le Bichon dans la façon dont elles sont stylisées et systématisées mais aussi dans les sentiments qu’elles véhiculent qui sont complémentaires : il émane de ses dessins du bonheur.
Imaginez croiser dans la même rue une autruche, un Homme Blanc et un Personnage-cœur, ne ressentiriez-vous pas à la fois un sentiment de bonheur, de paix et d’amour ?
Marion Harduin a cette même volonté, à travers ses oeuvres, de faire ressentir des émotions, et que « les regardeurs » s’approprient ses oeuvres.
Comme les trois street artists Jérôme Mesnager, Le Bichon et Matttieu, elle utilise aussi le trait et parfois les formes répétées d’un dessin à l’autre pour s’exprimer. Il s’agit pour elle de résurgences. De ses dessins, il émane de la légèreté par le flottement des formes, comme chez Mesnager et Le Bichon, de la joie par des mouvements dansants. Elle sentait d’ailleurs son univers proche de celui de Le Bichon.
Je pense, pour la première fois, une artiste des Beaux Arts de Paris et un street artist font des œuvres collaboratives. Les passerelles sont enfin tendues entre deux mondes qui se côtoient et ne se parlaient pas.
… simples rêveries amoureuses.
Sophie Roussard |